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Bazeilles 2013 – Ardennes belges
Cimetière militaire de Malome, commune de Neufchâteau.
22 août 1914. Depuis 19 jours, la Grande Guerre a commencé. Déjà, Liège et Bruxelles sont tombés.
Le général Joffre décide de contrer la progression allemande en attaquant sud-nord à travers les Ardennes.
Le corps d’armée colonial reçoit pour mission de gagner Neufchâteau pour déboucher dans le flanc de l’ennemi supposé être en mouvement vers Charleroi.
La 5ème brigade mixte coloniale, composée des 21ème et 23ème RIC et d’un groupe du 3ème RAC, atteint le ruisseau bordant Neufchâteau au sud.
L’ennemi tient solidement le bois d’Ospot et les crêtes au nord du cours d’eau. Ses effectifs sont 20 fois supérieurs en nombre.
Les coloniaux partent à l’assaut. Les combats sont intenses et confus, mêlant artillerie, armes automatiques et charges à la baïonnette.
Faute de liaisons avec la 3ème DIC à l’est, le repli doit être ordonné en fin d’après-midi.
Les pertes sont terribles : 47 officiers, 3000 sous-officiers, marsouins et bigors manquent à l’appel.
Nous sommes réunis ici pour honorer le sacrifice des 300 hommes de la 5ème brigade du corps d’armée colonial qui reposent dans le cimetière de Malome.
Cimetière militaire de l’Orée du bois, hameau de Rossignol commune de Tintigny.
C’est ici, à Rossignol, dans la forêt des Ardennes qui nous entoure, qu’un certain nombre de coloniaux reçut, le 22 août 1914, le baptême du feu. La 3ème Division d’Infanterie Coloniale marche en tête du Corps d’armée colonial sur l’axe Rossignol-Neufchâteau.
Elle a été constituée au début de la guerre de la 1re Brigade d’Infanterie avec les 1er et 2ème Régiment d’Infanterie Coloniale et de la 3ème Brigade d’Infanterie avec les 3ème et 7ème R.I.C. Un régiment d’artillerie divisionnaire, le 2ème R.A.C, les appuie du feu de ses canons de 75. Combattent avec la 3ème DIC le 3ème Régiment de Chasseurs d’Afrique, le 6ème Escadron du 6ème Dragons et une compagnie du Génie. Tous participent à la marche offensive de la 4ème Armée, en direction de Neufchâteau.
La 3ème D. I. C. se heurte, ce 22 août, à Rossignol, aux XIème et XIIème Divisions d’Infanterie allemande du VIème Corps Silésien.
En ce début de matinée, le temps est sombre avec un épais brouillard qui ne permet pas aux hommes de déceler l’ennemi dans les bois. Celui-ci assaille les Français d’autant plus facilement qu’il a été averti de leur arrivée par un aéroplane.
Toute la matinée, les trois bataillons du 1er RIC et deux bataillons du 2ème RIC tiennent tête désespérément à des forces plus de deux fois supérieures en nombre et solidement installées en défensive ; les hommes sont fauchés par les mitrailleuses habilement dissimulées dans les fourrés. Mais ils ne se contentent pas de résister sur place ; mieux que cela, ils veulent saisir à tout prix à la gorge l’adversaire invisible qui les massacre. Ce sont d’héroïques et folles charges à la baïonnette, renouvelées sans cesse mais arrêtées à chaque fois par un feu impitoyable qui fait dans les rangs des vides considérables.
Cependant, nul indice de découragement ni de défaillance. Mais, tandis que les heures s’écoulent, la tâche devient surhumaine et, par échelons successifs, les hommes sont contraints de se replier sur le village. Puis le silence se fait peu à peu sur le champ de bataille, où agonisent tant des nôtres.
Le soir tombe et c’est à peine si, à la faveur de l’obscurité, quelques centaines d’hommes pourront, par petits groupes, s’échapper et rejoindre les lignes françaises. Au total, un général, trois colonels, une centaine d’officiers et plus de cinq mille hommes, dont un grand nombre de blessés, tomberont aux mains de l’ennemi.
Mais, dans cette lutte inégale, les coloniaux viennent de prouver leur vaillance et de sauver l’honneur. Leurs glorieux drapeaux ne tombent pas aux mains de l’ennemi. Des mains pieuses les ont enterrés sur le champ de bataille. Ce sont des mains françaises, qui, plus tard, recueilleront ces reliques sacrées.
Stèle « Lieutenant Ernest Psichari »
Cette stèle est érigée à l’endroit où le lieutenant Ernest Psichari, du 2ème Régiment d’Artillerie Coloniale, a trouvé la mort le 22 août 1914. A cet emplacement, sur le bord de la route, en arrière du château de Rossignol, contre le mur des communs, un 75 de la 3ème batterie tire jusqu’à épuisement de ses munitions. Puis l’équipe de pièce, sur un ordre venu du colonel, se replie dans un petit jardin. En y arrivant, le lieutenant Psichari qui était avec elle, demande au chef de pièce s’il a bien déclaveté son canon. Sur sa réponse négative, le lieutenant retourne à la pièce, fait le nécessaire et au retour s’écroule, frappé d’une balle à la tempe.
L’association des anciens du 2ème RAMa – 2ème RAC est représentée par le colonel Daniel Fraisse, dernier chef corps du régiment avant sa dissolution en 1994, le leiutenant-colonel Roland Jolivot et par le lieutenant-colonel Christian Hocquet, président de l’association des anciens du 2ème RAMa – 2ème RAC.
Avant sa dissolution, le 2ème Régiment d’Artillerie de Marine faisait partie des Eléments Organiques de la 9ème Division d’Infanterie de Marine, la 9ème DIMa, en renforcement du 11ème Régiment d’Artillerie de Marine.
Caveau des fusillés : récit des combats de Rossignol.
Août 1914, la Belgique, pays neutre, est envahie par l’Allemagne. Les forces françaises traversent la frontière à la rencontre de l’ennemi. Le premier objectif fixé à la 3ème Division d’Infanterie Coloniale est Neufchâteau. Les soldats allemands du 6ème Corps d’Armée silésien se sont retranchés dans la forêt. La rencontre se produit le 22 août 1914 au matin, à proximité du village de Rossignol. Le 1er Régiment d’Infanterie Coloniale charge à la baïonnette. Les chefs des trois bataillons de la formation sont tués. Plus nombreuses, les forces allemandes débouchent de Tintigny et tentent une manœuvre d’encerclement. Le chef de corps du 2ème Régiment d’Infanterie Coloniale tombe à la tête de son régiment. Malgré des combats acharnés, la 3ème Division d’Infanterie Coloniale est coupée en deux tronçons. Dès lors, marsouins et bigors tentent de rompre l’encerclement en multipliant les assauts. A Rossignol, près de 500 soldats de marine tiennent en échec durant toute la nuit des forces bien supérieures en nombre. La localité est en flammes. Chaque maison est conquise après des combats acharnés. Tandis que les clairons continuent encore de sonner la charge, les deux canons du lieutenant Psichari tirent leurs derniers obus. Les munitions s’épuisent. Les résistances cessent. Quelques rescapés rejoindront les lignes françaises alors que d’autres, aidés par la population locale, s’échapperont par les Pays-Bas. Les pertes subies par les coloniaux sont élevées et aujourd’hui encore plus de 3000 marsouins et bigors reposent en cette terre belge où ils continuent de veiller sur la soie du drapeau du 1er Régiment d’Infanterie Coloniale qui n’a jamais été retrouvé.
Nous sommes réunis aujourd’hui afin de célébrer la mémoire de ces terribles combats d’août 1914 au cours desquels en particulier les populations civiles furent tragiquement impliquées. Pris sous les obus et les balles, les habitants de Tintigny, Rossignol, Breuvannes et Saint-Vincent ont consenti d’énormes sacrifices, n’hésitant pas à assister les soldats français et à leur porter secours au cœur des combats. Rendus furieux par la résistance rencontrée et accusant les civils d’agir en » francs-tireurs « , les soldats allemands commettent de nombreuses exactions, incendient des centaines de maisons et exécutent près de 125 Ardennais. Les proches de ces derniers ne pourront avoir accès à leurs corps qu’en 1920. Ce sont eux que nous honorons à ce caveau des fusillés.
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