Un
lieu de rassemblement

FREJUS

Bien que ne figurant  pas au
nombre des quatre garnisons  historiques
des Troupes de marine (Cherbourg, Brest, Rochefort et Toulon), Fréjus
est peu à peu devenu un point de passage obligé pour les marsouins et
bigors.
 

A l’initiative de Gallieni, qui possédait une propriété entre
Fréjus
 et Saint-Raphaël, est
créé en 1915 à Fréjus le Centre de Transit des Troupes Indigènes
Coloniales (CTTIC), destiné à faciliter l’acclimatement des
tirailleurs aux rigueurs de la guerre en Europe.
 

Y ont ainsi été successivement implantés le CTTIC, l’école des
officiers indigènes (1925), l’école  de formation des officiers du régime transitoire des troupes
d’outre-mer (EFORTOM 1956-1965), le groupement d’instruction des
Troupes de marine (GITDM 1975), le musée des Troupes de marine (1981)
puis le régiment de formation des appelés destinés à servir
outre-mer (4e RIMa).

Des dizaines de milliers de tirailleurs en provenance d’Afrique, d’Indochine
et de Madagascar sont ainsi passés par Fréjus durant une période d’environ
50 ans. Les anciens tirailleurs y ont tous laissé des souvenirs et
leurs descendants ne visitent jamais Fréjus sans émotion.
Subsistent en effet de nombreux monuments et souvenir de leur passage…

LA
PAGODE BOUDDHIQUE HÔNG HIÊNTU

pagode

A l’initiative du capitaine
Delayen, les tirailleurs indochinois venus à Fréjus au cours de la
Première Guerre mondiale, construisirent pour leur culte une pagode
bouddhique au niveau du camp militaire Gallieni. L’édifice a été
construit à partir de 1917 conformément à l’architecture
traditionnelle du Vietnam, sous l’égide du vénérable Tich Thanh Vuc,
aumônier bouddhique.
Elle est appelée pagode Hông Hiën Tu, pagode de la fière race Hôhg
Lac.
Des réfugiés vietnamiens arrivés en France en 1954 et fixés à Fréjus
entreprirent de sauver
 l’édifice à l’abandon
depuis le départ des tirailleurs indochinois de Fréjus après la
Seconde Guerre mondiale.
Une association bouddhique fut constituée en 1967 et la rénovation de
la pagode menée à bien en 1972.
Depuis, de nombreux travaux d’aménagement ont été conduits sur  le
terrain environnant la pagode acquis en 1979. La pagode figure depuis
1984 parmi les membres fondateurs de l’Ordre bouddhique  vietnamien
mondial et les fêtes bouddhiques les plus importantes de l’année.

LE MISSIRI

Les
tirailleurs venus d’Afrique construisirent au camp de
Caïs
une mosquée soudanaise, inspirée de celle de Djenné,
dans la
moyenne vallée du Niger. L’initiative en reviendrait au capitaine
Abdel Kader Mademba, appuyé par le colonel Lame, alors commandant
d’armes. Plus qu’un lieu de culte (la majorité
des tirailleurs
étant alors animistes et non pas musulmans), il s’agissait
avant tout de construire un monument prestigieux, comparable à la
pagode, objet de fierté pour les tirailleurs
sénégalais, et de
recréer une ambiance propre à guérir le « mal du
pays ». Le Missiri (mosquée en langue bambara) commencé en 1928 a
été achevé en 1930 et son environnement – une
pinède
de pins parasol — a été agrémenté de très réalistes cases
africaines et de
termitières
plus vraies que nature. en béton armé, peinte en ocre rouge
et
propriété du ministère de
la
Défense, la mosquée soudanaise a été inscrite
sur la liste
complémentaire
des
monuments
historiques
le 18
juin
1987.

LE
MÉMORIAL DES GUERRES EN INDOCHINE

En
1986, un protocole franco-vietnamien rendit possible
le
rapatriement des corps des soldats morts en Indochine
entre 1945
et 1954. La ville de Fréjus proposa de faire ériger un
mémorial en un lieu symbolique, l’ancien camp Gallieni où avaient séjourné
des tirailleurs indochinois pendant la Première
Guerre
mondiale et où avait été construite une pagode
bouddhique.
La pose de la première pierre eut lieu le 19 janvier 1988 et la nécropole
nationale des guerres en Indochine fut
inaugurée
le 16 février 1993. 
Un monument préexistant, réalisé
en fer forgé par Luccérini
et inauguré en juin 1983, est conservé sur
place et indique bien l’entrée de la nécropole.

LE
MONUMENT AUX HÉROS DE L’ARMÉE NOIRE


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En
1994, lors de la commération du cinquantième anniversaire du Débarquement
et de la Libération de la Provence, opérations auxquelles participent
les tirailleurs  sénégalais
de la 9e DIC et de la 1re DFL, l’association des
amis du musée des Troupes de marine finance la construction, à Fréjus,
d’un nouveau monument à la gloire de l’Armée Noire.

Oeuvre
du sculpteur Léon Guidez, fondu à Gliwice en Pologne, le monument est
inauguré à Fréjus le 1er septembre 1994, boulevard de la
Libération, sur le front de mer. le site sur lequel est implanté ce
monument a été officiellement baptisé « Esplanade des tirailleurs
africains et malgaches ».
 
Garnison
dans laquelle les Troupes de marine ont pris l’habitude, depuis 1986, de
se rassembler pour fêter Bazeilles en famille, Fréjus reste avant tout
le lieu de retrouvailles placées sous le signe de
la solennité et de la fraternité d’armes.